Pliocène du Port d'Anvers

Des vents "très violents".

Les dernières prévisions météorologiques étaient formelles : la tempête Xynthia qui sévissait sur toute l’Europe allait frapper le pays au plus fort dans la matinée du dimanche. Mais comme je le disais souvent à qui voulait bien m’entendre, je nourrissais naturellement un fort esprit de contradiction. Non pas que je n’aimais pas faire comme tout le monde, mais bien parce que je préférais ne pas faire comme tout le monde. Raison de plus, dès lors, pour résister à toute élémentaire prudence et foncer, dès l’aube, vers le port d’Anvers. Ma nouvelle zone de recherches était au fil des semaines devenue de plus en plus impressionnante. Inquiétante même...

Petite histoire d'une grande trouvaille

À revoir la très faible distance qui séparait l'endroit précis de cette découverte et les traces de passage d'un gros engin de chantier, il paraît évident qu'il s'en serait fallu de quelques centimètres à peine pour que ce spécimen exceptionnel ne soit irrémédiablement perdu pour la Postérité. Qu'il fut, au minimum, légèrement enfoncé et rendu invisible dans les sédiments ou, au pire, brisé voire totalement pulvérisé par le poids de ce mastodonte des temps modernes. A ce petit miracle qu'est déjà la fossilisation en tant que telle s'ajouta donc ce jour-là une conjonction de circonstances favorables qui atteste que le bonheur d'un paléontologue amateur ou professionnel ne tient finalement qu'à très, très peu de choses...

La suite à lire dans "Carchadorias. A la recherche des trésors de la Terre" (à paraître)

Carcharodon carcharias

La suite, dans "carchaDOrias. A la recherche des trésors de la Terre" (à paraître)...

Une "pièce de musée".

Je sortais d’une expérience paléontologique d’une rareté extrême. Le genre de découverte qui, selon Paléoman, un ami et célèbre collectionneur, n’arrivait « qu’une seule fois dans une vie. Et encore ». Tempête ou pas, je devais exploiter au mieux ce terrain que les imprévisibles transformations du port d’Anvers avaient soudain offert à mes besoins de prospection. Tant qu’il resterait accessible. Profitant toujours d’arrivées extrêmement matinales, j’allais ainsi récolter un autre fossile mémorable, sous la forme cette fois d’une dent inférieure de Grand Requin Blanc.

Carcharodon hastalis (plicatilis ?), Pliocène supérieur, sables d'Oorderen, port d'Anvers, Belgique

Oreo antwerpiensis

Poursuivre mon traditionnel reportage photographique ne m’avait pas empêché de remarquer une caractéristique surprenante. Je n’avais pas affaire à un seul disque intervertébral mais à deux. Des cailloux sombres parfaitement circulaires et presque identiques que le hasard de la fossilisation semblait avoir collés l’un à l’autre. La seule explication qui me vint à l’esprit était qu’ils devaient provenir d’un seul et même animal, très vraisemblablement d’un jeune, mais qu’ils s’étaient désolidarisés de leurs vertèbres respectives.

Extrait de "carchaDOrias. A la recherche des trésors de la Terre" (à paraître)

Ou le biscuit fossile...

Un autre disque intervertébral de cétacé

A peine moins rare que le précédent exposé ci-dessus, ce spécimen isolé appartient à des trouvailles qui sont généralement d'une fragilité extrême, ne devant donc leur préservation qu'à des circonstances d'enfouissement et de transport particulièrement favorables. Ce qui en fait son intérêt dans une collection, dont la vocation n'est en rien de se limiter aux dents de requins fossiles, loin s'en faut...

Carcharodon hastalis, Pliocène supérieur, port d'Anvers, Belgique

Contrairement au tamisage pratiqué par la grande majorité des chercheurs, de préférence dans le gravier de base des sables du Kattendijk (activité très statique par nature), la prospection dans les sables d'Oorderen suppose d'arpenter d'immenses terrains vagues, en espérant que l'extrême rareté des pièces fossiles soit compensée par leur qualité de conservation. Découvrir une seule dent telle que celle-ci, bien que incomplète, signifiait une journée particulièrement réussie... 

Beau doublé, en toute fin de sortie : vertèbre de dauphin et requin blanc

Quality versus quantity

Carcharodon carcharias, Pliocène supérieur, port d'Anvers, Belgique

Dans cette perpétuelle lutte contre le temps, une contrainte avec laquelle il fallait toujours composer était la Nature elle-même. Fraîchement étendus, des sédiments de sable restaient intéressants à prospecter aussi longtemps qu’ils n’étaient pas envahis par la végétation rustique de la région. Très peu exigeante, elle s’y répandait aisément. Une fois recouverts de plantes sauvages, les sites devenaient finalement impropres à toute recherche fructueuse. Cela ne m’empêcha pas un jour de traverser l’un d’entre eux à grandes enjambées jusqu’à apercevoir tout à coup, du coin de l’œil et presque par miracle, une protubérance caractéristique. À peine affleurante. Inespérée mais spectaculaire.

Extrait de "carchaDOrias, à la recherche des trésors de la Terre" (à paraître)

Carcharodon hastalis, dent inférieure, sables d'Oorderen, port d'Anvers, Belgique

Toute reproduction ou utilisation du contenu de ce site est strictement interdite et soumise à l'autorisation préalable de l'auteur.