En constante mutation...

Aboutissement ultime des recherches et fierté de tout paléontologue amateur, une collection de fossiles peut se présenter sous des formes extrêmement variables.

Elle se déclinera de diverses manières au gré des sensibilités et des centres d’intérêts de son propriétaire. Elle sera systématique chez les uns ou au contraire centralisée sur certaines époques géologiques, voire même limitée à quelques espèces animales pour les autres. Trilobites ou ammonites par exemple. Embryonnaire chez les débutants pour devenir à terme pléthorique dans le chef des plus aguerris, elle dépendra des expériences, préférences et choix personnels. Dans leur développement, ne seront évidemment pas à négliger les opportunités de sorties sur le terrain, ces fenêtres de prospections favorisées par l’apparition éphémère de chantiers, comme des travaux routiers, ou l’accessibilité permanente moyennant autorisation de certains sites tels que des carrières en exploitation. Outre les indispensables libertés en termes d’emploi du temps consacré à ces loisirs, l’on n’oubliera pas non plus un incontestable « facteur chance »…

Pour la mise en valeur des pièces, chacun ira également de sa propre philosophie et de ses moyens, optant pour des rangements rigoureux dans d’obscurs tiroirs ou au contraire recherchant l’effet visuel spectaculaire, dans une présentation qui se veut la plus esthétique possible. Pour ma part, les plus beaux spécimens se sont vus conférer le luxe d’un local spécifique, qui leur est dédié à part entière. Le souci dans la présentation s’échelonne d’un grand nombre de vitrines, disposées en succession rapide et soigneusement éclairées, au recours systématique à des matériaux « nobles ». Point de plastique donc, mais des supports métalliques, des boites de laboratoire en verre, des socles faits de plaques de schiste et des lits de feutrine, qui constituent autant d’écrins pour ces bijoux offerts par la Nature que sont les dents de requins fossiles et autres spécimens rares. Enfin, à quelques-uns de ces souvenirs impérissables furent par la suite associés les témoignages photographiques de leur découverte in situ.

Extrait du livre "carchaDOrias. A la recherche des trésors de la Terre" (à paraître)

Transitoire...

Faute de temps, la gestion d'une collection peut gravement laisser à désirer. Pour preuve, cette accumulation très hétérogène de spécimens issus du Néogène anversois, tant Pliocène supérieur (sables d'Oorderen) que Pliocène inférieur (gravier de base du Kattendijk). Ce n'était qu'une étape intermédiaire justifiée sur le moment, voici plusieurs années, par l'achat d'une grande quantité de boites de conservation. Précision utile :  l'arrière desdites boites comporte une étiquette précisant la provenance, et une retraite imminente (départ à la pension) devrait permettre de réaliser à terme un laborieux travail de mise en valeur, maintes fois remis aux calendes grecques. 

Hastalis et carcharias : une (très) probable filiation ...

Récoltées le même jour, au même endroit et dans les mêmes sédiments, ces deux dents fossiles sont dans un état de conservation remarquable. Leur "fraîcheur" et les circonstances de leur découverte permettent raisonnablement de les relier, bien que l'on aie affaire à des couches remaniées, déplacées par dragage et transportées par pipeline. Sans pouvoir l'affirmer avec certitude, elles pourraient donc illustrer la filiation désormais reconnue entre le requin hastalis (auparavant Isurus puis Cosmopolitodus, actuellement Carcharodon) et son descendant carcharias (ici, une dent juvénile avec des cuspides latérales), mais aussi suggérer que les deux espèces aient pu rester un moment contemporaines, l'une finissant par disparaître au profit de l'autre. 

Un autre exemple encore plus intriguant est à lire dans "carchaDOrias. A la recherche des trésors de la Terre" (à paraître)

De coloribus...

Carcharodon carcharias (actuel)

Comme la plupart des êtres vivants et quelle que soit leur espèce ou leur taille, les requins possèdent des dents uniformément blanches. Ce n'est qu'au terme d'un très long processus de fossilisation qu'elles acquièrent leur coloration définitive, qui dépend de la nature des sédiments dans lesquels elles reposent et des sels minéraux qu’ils contiennent. Le Grand Requin Blanc actuel faisant partie des espèces marines menacées, il bénéficie d'une protection telle que le commerce de ses dents est désormais interdit. La méfiance s'impose, bien que les deux exemplaires illustrés ici m'aient été certifiés par leur vendeur hollandais comme provenant d'une « très vieille collection ».

Dont acte...

Extrait de "carchaDOrias. A la recherche des trésors de la Terre" (à paraître)

Otodus megalodon

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